EDITO

Le mois des morts…

Novembre porte ce nom depuis longtemps. L’automne qui bat son plein avec la chute des feuilles, le vent, la pluie, la froidure. J’aime le vent. Un temps qui débute, le 1er novembre, par cette fête religieuse catholique romaine : la Toussaint, soit la (fête de) tous (les) saints. Dans le calendrier liturgique catholique, chaque jour est attribué à un saint, mais comme il n’y a pas suffisamment de jours pour tous les noms et pour n’oublier personne, au Moyen-Âge, on décida de mettre en place cette célébration. Je ne suis pas catholique.

Cette fête des saints fut rapidement suivie, le 2 novembre, par une fête des âmes ou fête des morts. Cette commémoration des défunts débuta suite à une vision d’âmes qui se lamentaient au purgatoire et demandaient à être arrachées des mains des démons par des aumônes et des prières. Pas très protestant tout cela.

Si la Toussaint a encore une place dans le calendrier français, c’est avant tout comme jour férié. Vive la France ! En Amérique, la Toussaint est éclipsée par Halloween, célébré la veille, une contraction de all (tous) hallow (saints) eve (veille). Son origine est plus obscure. La Toussaint était, à ses débuts, célébrée en mai. Il semble que le changement de date ait été une façon de christianiser une fête celtique très populaire, qui avait lieu le 1er novembre, jour de l’An celte, et qui était précédée d’une panoplie de rituels païens entourant la mort. On trouve un relent de cela dans des décors macabres plutôt mortifères. A chacun ses goûts !C’est une façon d’apprivoiser la mort.

Une autre façon, dans les sociétés où le culte des ancêtres est présent, pour qui les défunts sont omniprésents et qu’il importe de les respecter et de les honorer, c’est de faire des offrandes de fruits ou d’encens, qui sont un rappel régulier de leur absence – offrandes qui rappellent leur présence  –  une célébration de joie et de reconnaissance ou, au contraire, de crainte et de tremblement. Un peu bobobo (Bourgeois-bohème – un peu bouddhiste).

Toutefois, dans les Ecritures, la mort n’est pas l’absence de signes vitaux et la vie n’est pas liée à un cœur qui bat. La mort est l’absence ou la rupture de relations avec les autres et avec Dieu. La vie est d’être en communion avec Dieu et avec les autres. Dans l’histoire dite du fils prodigue, le père dira à son aîné : ton frère qui était mort est revenu à la vie. Dans les Évangiles, Jésus affirme que le Seigneur n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Il a déclaré être la résurrection et la vie : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ». Je rappelle que les obsèques protestantes, malgré la douleur, sont une célébration de vie. On ne prie pas pour les morts, on ne fait que les remettre à la grâce de Dieu.

Novembre, mois des morts ? Non, même s’il y a plein de morts-vivants autour de nous. Novembre, un autre mois pour les vrais-vivants. Alors, choisis la vie !

Pasteur Marc-Henri Vidal